De tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force (Lc 10, 27)

1.      Un temps et un temps

Il y a les saisons de la lutte, les jours de la vigueur et de l’élan, il y a les années de l’enthousiasme, animé par une passion simple et par un courage insouciant qui ne craint rien, on ne calcule pas la fatigue, on ne se dérobe pas au danger. Il y a saisons de l’histoire aussi dans lesquelles le climat qu’on respire dans la société est de confiance, les grandes entreprises semblent sous la main, les possibilités et les énergies semblent inépuisables. Peut-être que d’une époque semblable est attestation (ou nostalgie ?) ce que Paul écrit aux Ephésiens, en les confortant à résister, à lutter, avec cette sorte de fierté de celui qui dispose d’armes pour faire front et il affronte avec cette espèce d’impatience hardiesse d’avoir une occasion pour montrer ce qu’est-ce qu’il soit capable.

Ces sont les saisons dans lesquelles ils fleurissent personnalités qui se distinguent, on met main aux entreprises jamais tentées avant, on fonde d’instituts, on recueille enthousiasme et on affronte dures oppositions.

C’est beau la jeunesse de la foi qui s’exprime en créativité, fraîcheur de source, originalité de rêves et magnificence de projets !

Il y a puis les saisons de la fatigue, les jours des infirmités et de la lenteur : ils arrivent les années de l’appréhension, de la retraite. Il se répand l’impression d’un déclin partout, la constatation d’un vieillissement, la persuasion d’un inévitable reculer, d’un venir moins des forces, d’un irrémédiable épuisement des rêves et du courage. Ces sont les saisons du manque d’envie, de la fatigue, du « tirer en avant » plus pour inertie que pour une détermination à atteindre une destination désirable.

D’un climat semblable peut-être c’est une attestation le mot attesté par Matthieu, celle-là que Jésus tourne à ses disciples « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11,28).

Différentes ces sont les saisons de la vie de chacun donc, différent le climat Église, différente l’air qui souffle dans les époques de l’histoire.

Nous tous – probablement – nous avons traversé ces différentes saisons et nous pouvons rappeler et raconter des jours d’enthousiasme et des jours de fatigue, de moments d’élan et de moments exténuants. Ainsi le prof. Fiorentino, la chère Ezia, dans sa longue vie elle a expérimenté les hauts et les bas dont nous parlons.

 

2.      Ce qui ne change

Mais la parole du Seigneur que dans cette même célébration propose des textes si différents, ce d’Ephésiens avec sa violence combative et ce de Matthieu avec son ton consolatoire, veut suggérer le secret pour traverser tous les temps et tous les climats, comme si on dît : il y a de temps dans lequel on vit d’élan et temps dans lequel on vit avec peine, mais tous les temps sont aptes à la grâce de Dieu.

En effet dans l’histoire de la sainteté il ne compte pas être jeunes ou vieux, être sains ou malades, être fiers et audacieux ou être craintifs et effrayés rencontrer la popularité et le service de tous ou l’hostilité et l’indifférence.

Qu’est-ce que rend possible donc la sainteté toujours ? Quelle voie nous sommes appelés à parcourir constamment et n’importe dans quelle condition ?

De la parole du Seigneur nous pouvons tirer la loi de la totalité, le précepte du « tout ». Toujours avec émotion on écoute le credo l’Israël : de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force.

Le précepte du « tout » suggère que ce que Dieu veut, ce qui consent à Dieu de porter à l’accomplissement son désir de rendre heureux ses fils c’est que l’offre soit sans réserve, que l’amour soit sans épargne, que l’esprit ne soit pas douteux. Tout : ce n’est pas important si tu as beaucoup ou peu, il importe que tu donnes tout ; ce qu’il est important ce n’est pas si tu as eu du succès ou si tu as failli en toute initiative, mais si en ce que tu as fait, tu as aimé, toujours et seul aimé, le Seigneur.

Le précepte du « tout » suggère que le péché n’est pas l’imperfection, ce n’est pas avoir des défauts, ce n’est pas être fragile, mais c’est l’idolâtrie, admettre qu’outre qu’au Seigneur on doive dédier à quelque idole aussi, réserver quelque chose soustrait à Dieu, quelque coin de la pensée, du cœur, du temps dans lequel Dieu ne soit pas admis.

Le précepte du « tout » est l’introduction au mystère de Dieu comme bienheureuse lumière, comme vérité qui salve. Le mystère de Dieu, en effet, n’est pas compliqué et réservé aux savants et aux intelligents, mais il est révélé aux petits. Jésus a envoyé son Esprit pour introduire ses disciples à toute la vérité (il vous conduira dans la vérité tout entière : Jn 16,13). Jésus n’a gardé rien caché de la lumière et le précepte du « tout » n’impose pas de devenir théologiens, mais de s’ouvrir à la révélation de Jésus avec tout l’esprit, sans acquérir aucune pensée qui ne soit pas conforme à la vérité de Jésus.

En rappelant la chère Ezia nous pouvons dire qu’elle a traversé différentes saisons, des moments de l’enthousiasme, aux moments de la lutte et de l’engagement tenace pour donner forme à l’institut et à sa mission, jusqu’aux moments de l’âge tardif et du déclin des forces. Mais certes elle a témoigné dans la vie qui a pratiqué le précepte du « tout » et pour cette raison nous la croyons bienheureuse, toute heureuse dans toute la lumière de Dieu.